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Chapitre 8
Sur le vif


Kevin but à grandees gorgées le sang chaud et amer.

- T'en penses quoi ? lui demanda Camille.

- C'est meilleur que le sang de cerf.

- Mais avoue que c'est pas terrible, quand même.

- Nan, ça va encore.

- Toi, ça se voit que t'as jamais goûté le sang d'une jeune fille belle, jeune…

- C'est bon, j'ai compris.

Ils étaient tellement perdus dans leur discussion qu'ils n'avaient pas remarqué la personne qui restait dans l'ombre, derrière eux. Celle-ci s'éloigna doucement et, hors de portée de voix, sortit son téléphone portable. Kevin et Camille ne s'en rendirent pas compte.

- Franchement, Kevin !

- Cam, j'ai compris…

- Ça se voit que t'as jamais goûté du sang comme celui que j'ai bu y a une semaine…

- Cam…

- Kevin, arrêtes de m'interrompre tout le temps ! Je disais donc…

- Cam, c'est possible de se soûler avec du sang, ? Parce que, là, t'es dans un de ces états…

- Kevin…

Une sirène retentit. Les deux adolescents ne l'entendirent pas tout de suite et n'y firent attention que quand elle fut accompagnée d'éclats de voix et de lumières rouges et bleues.

- Cam…

- Kevin, arrêtes de me couper la parole ! C'est pas poli, tu sais ?

- Cam, les flics…

- Quoi ?

- Y a les flics !

- Tu… Les flics ?!

- On fait quoi ?!

- Je sais pas… On peut pas se barrer, on est encerclés !

- Et pleins de sang, surtout…

- Merde, merde…

- Comme tu dis ! En plus, on a ce cadavre sur les bras…

- On a qu'à dire qu'on l'a trouvé comme ça et qu'on voulait l'aider ! Ce qui expliquerait pourquoi on est plein de sang…

- Réfléchis, Cam : si les flics se ramènent, c'est que quelqu'un les a appelés. Si quelqu'un les a appelés, c'est forcément que ce quelqu'un nous a vus et a eu peur. S'il a eu peur, c'est qu'il t'as entendu parler…

- … de quand j'ai tuée cette fille. Merde, de toute façon, ça me réussit jamais, le sang d'alcoolique…

- Et puis de toute façon, ils nous feront des tests. Ça te rappelles pas une histoire ?

- Mon oncle… On va mourir !

Les policiers les encerclèrent. Un grand baraqué parla le premier :

- Les deux, là ! Qu'est-ce vous faites ?

- On… Euh… On veut aider… Euh… Ce pauvre homme… Il est… Euh… En fait, on sait pas ce qu'il a, bégaya Camille.

- C'est ça, bien sûr, railla le policier. Vous me prenez pour qui ? C'est pas la première fois qu'on rencontre ce type de cas, pas vrai les gars ?

Les autres policiers acquiescèrent. Le grand s'approcha des deux garçons et saisit Kevin par la mâchoire. Il appuya fortement sur les côtés de sa tête, jusqu'à ce qu'il veuille bien ouvre la bouche. Quand le flic découvrit les canines pointues, il lança :

- Je le savais ! Allez, les gars, on les emmènent au poste.

Les deux garçons furent embarqués et amenés au poste de police de la ville. Là-bas, ils furent interrogés et sortirent, bien sûr, deux versions différentes de l'histoire.

- Vous avez raison, avait dit Kevin. On est des vampires, on a tué cet homme pour nous nourrir. Mais on ne voulait pas ! On… On s'excuse. On ne voulait pas lui faire de mal… Je n'ai… Enfin, on n'a même pas choisi d'être transformé ! On agit contre notre volonté, notre instinct prend le dessus… Monsieur, s'il vous plaît !

- Mais non ! avait sorti Camille. On est pas des vampires ! Enfin, je ne suis pas un vampire. Après, Kevin, je sais pas, mais je m'en fiche. On se connaît à peine ! Monsieur, écoutez-moi ! Je n'ai rien à voir avec ça ! Je suis couvert de sang car… Je… Euh… Je voulais aider ce pauvre homme qui se aidait tuer par cette créature maléfique ! Cette créature de la nuit ! Cette bête…

Le commissaire les passa au test de sang. Depuis le premier incident, il gardait une poche de sang frais à disposition. Il versa du liquide rouge dans une tasse et la passa sous le nez des suspects en leur demandant d'ouvrir la bouche. Les canines des deux adolescents s'allongèrent immédiatement.

- Voilà ! cria le commissaire. Frankie, viens voir ! T'avais raison !

Le flic qui les avait arrêtés arriva et observa les dents anormalement longues de Kevin et Camille.

- Effectivement… Bravo, chef.

- Bah, j'ai fait la même chose que la dernière fois !

- Si vous le dites…

- Mais, dis-moi, Frankie, les vampires sont immortels, non ?

- Si, chef.

- Mais, si on leur arrache les canines…

- Peut-être qu'ils redeviendront de simple humains. Bonne idée, chef. J'appelle le dentiste ?

- Non, ce n'est pas la peine de le déranger. On attendra demain matin et on les emmènera. Par contre, je veux bien que tu laisses un message pour prendre rendez-vous, on ne va pas débarquer comme ça dans son cabinet, à l'improviste.

- Bien, chef.

Le flic disparut dans le couloir. Le commissaire ligota les adolescents.

- Mes petits, vous allez voir, demain. Vous allez perdre tous vos pouvoirs… Jack ! T'es de service cette nuit ?

Un flic rondouillard apparut.

- Oui, commissaire.

- Tu peux les surveiller ? Les vampires ont la réputation de pouvoir se transformer en chauve-souris. Mais comme on ne sait jamais… (Il sortit et ferma la cellule à clé.) Tu restes bien avec eux, cette nuit ! Et puis, ne t'inquiètes pas, ils sont attachés…

Il partit en chantonnant, laissant les deux vampires seuls avec l'agent de police.