- Naëlle !
J'observe mon professeur d'un regard impassible, mes yeux perdus dans la vague.
- Naëlle ! Si tu en a marre de mon cours, la sortie, c'est par là !
Il désigna la porte, ses sourcils broussailleux froncés au maximum.
Naëlle, c'est moi. Je n'ai pas d'amis car je suis différente.
Différente physiquement et moralement.
A la réplique du professeur, toute la classe de 4°2 a rit. Toute, sauf moi et une jeune fille blonde qui me lancait un regard compatissant.
Je suis différente. Mes yeux ne sont ni bruns, ni bleu, ni verts, il sont vairons. Un oeil bleu et un oeil brun. Mes cheveux sont noirs ébène. Mes n'ont aucun éclat : la vie n'a jamais rien fait pour qu'ils en ai un.
- Naëlle ! Tu m'écoute ?
<< Non. >> voulus-je lui répondre.
Je resta silencieuse. Je détourna la tête et regarda par la fenêtre. Mon corp criait ma différence.
Le cours se termina longtemps après. Je comptais les secondes dans ma tête lorsque j'entendis la sonnerie de la liberation. Je fourra mes affaires dans mon sac et partie, presque en courrant, du cours. J'étais sur le seuil de la porte lorsque la voix familière se fit entendre. En face de moi se tenait un homme petit, chauve. Il portait un costume haute couture et s'était laissée poussée la barbe.
- Naëlle. Puis-je te voir ? Dans mon bureau dans cinq minutes. Et pas de retard !
Le directeur tourna les talons et s'éloigna. Après qu'il eût passé le coin de l'escalier central, j'attrapa mon sac, le jeta sur mes épaules et me mit à courir. Aussi vite que le voulais bien mes jambes. Une larme, une seule, scintilla sur ma joue gauche.
Je tourne au coin et manque de renverser un élève, qui, surpris de me voir courir, s'était immobilisé net. Je l'évite de peu et reprends ma course de plus belle. Je dévale les trois étages qui me sépare du sous-sol en quelques minutes et me dirige à grands pas vers l'administration. Ma larme s'est tarrie et je tente de reprendre ma respiration. J'halète de plus en plus et une douleur au niveau des côtes du côté droit m'oblige à m'arrêter. Je tourne furtivement la tête vers la fenêtre et aperçoit la cour, avec ses arbes et son bitume. Ses tables de ping-pong au loin. Je reprend mon souffle. Je finit par respirer normalement ; alors, seulement, je me remet en marche.